
Dimanche dernier le Seigneur nous disait que pour hériter du Royaume des cieux, il fallait être pauvre de cœur c’est à dire tellement attaché au Seigneur, que l’on est détaché des biens de ce monde. Aujourd’hui, Jésus nous met en garde contre l’esprit de domination. Jacques et Jean, espèrent être à la droite et à la gauche du Seigneur dans le Royaume, c’est à dire à la place de ceux qui partagent l’autorité même du Christ et sa plus grande gloire. Il est vrai qu’ils ont avec Pierre bénéficié des faveurs du Seigneur en étant les témoins privilégiés de la résurrection de la fille de Jaïre, de la transfiguration de Jésus, et de son agonie à Gethsémani ; mais Jésus décèle dans leur demande une volonté de puissance qui est étrangère à la mentalité du Royaume. Quant aux autres apôtres, leur indignation montre qu’ils sont dans la même logique. Toutes les divisions, les discordes, les guerres commencent dans des cœurs qui sont animés par cette volonté de puissance…
L’esprit du Royaume est toute autre ; il est à l’image du Christ, non-violent, pacifique, qui ne rallie personne à sa cause par la force : il a refusé d’envoyer « douze légions d’anges » pour le délivrer de ses oppresseurs. Par contre Il prie pour eux, Il se sacrifie pour eux, Il se charge de leurs fautes, comme l’annonce le prophète Isaïe. Les apôtres ne le comprendront qu’avec l’illumination de la Pentecôte. Jésus ne s’indigne pas à cause de leurs pensées pleines de convoitise, il connaît trop le cœur de l’homme. Mais il les éclaire en les invitant à un changement de mentalité : « Celui qui veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous ». Quand on a une responsabilité, on exerce une autorité, mais pas un pouvoir ; exercer un pouvoir sur les autres, c’est céder à l’esprit du monde qui est un esprit de domination.
L’amour du Christ est un amour crucifié. On ne peut pas le suivre sans consentir à la croix :« Ma coupe, vous y boirez et mon baptême, vous y serez plongés ». Non pas pour le plaisir de souffrir, personne n’aime souffrir ; mais pour le plaisir de supporter avec le Christ, pour la gloire de Dieu et le salut du monde. L’épître aux hébreux nous rappelle que nous ne devons pas craindre un Dieu qui compatit à nos faiblesses, mais au contraire compter sur sa miséricorde et sur le secours de sa grâce qui est la clé de la victoire. Celui qui, dans l’épreuve, regarde le Christ en croix à la manière de la Vierge Marie, avec son Cœur rempli de compassion, de vénération, et d’acceptation de la volonté divine, celui-là a l’assurance de toutes les faveurs du Christ et le Christ lui donne en partage son autorité. C’est ainsi que nous devons vivre la Sainte Messe, et tous les moments de notre vie, avec le Cœur de Marie. Ainsi nous devenons pleinement missionnaires. En ce dimanche qui clôt la semaine mondiale des missions, demandons à la Reine du ciel et de la terre, qui est très probablement à sa droite et à l’humble Joseph, probablement à sa gauche, de nous obtenir du Christ cette grâce de l’humilité qui nous fait recevoir toutes les faveurs divines.