Homélie du Père Emmanuel-Marie :

L’apôtre Jean nous relate les événements des deux apparitions de Jésus aux apôtres réunis au cénacle. Un passage chargé d’émotion : Imaginons, après le drame qu’ils viennent de vivre, Jésus se retrouve là au milieu d’eux… Pas de reproche, pas d’allusion à leur trahison, à leur lâcheté. Rien en Jésus ne crie vengeance : Il est la Miséricorde incarnée. Pourtant, on ne peut pas dire qu’ils soient bien disposés :ils ont peur, ils se sont barricadés, et en plus, ils ont mis en doute la parole de Marie-Madeleine qui l’a vu ressuscité : Voilà les piliers de l’Église…

Jésus se tient au milieu d’eux alors que les verrous sont fermés ! Ainsi, nous pouvons nous dire que nos prisons où nous sommes enfermés par notre péché, ne sont jamais des obstacles infranchissables pour le Seigneur de Miséricorde. Il viendra toujours nous rejoindre jusque dans les profondeurs de notre misère. Le seul obstacle qu’il ne peut pas franchir, c’est celui de notre refus délibéré de l’aimer, car Dieu respecte notre libre arbitre. Il ne veut pas nous sauver sans notre consentement.

La paix soit avec vous ! Et il leur montre ses blessures pour leur signifier qu’Il est Celui qui réalise la prophétie d’Isaïe :« il a pris sur lui le châtiment qui nous rend la paix et dans ses blessures, nous avons la guérison » Is 53 En leur disant la Paix soit avec vous, il leur accorde gratuitement son pardon pour leurs péchés, et en réponse à ce pardon gratuit de Dieu, ils sont invités à se convertir, c.-à-d. à revenir à Dieu, à revenir à l’obéissance à ce qu’il nous demande. Et de cette conversion naît la joie.

Jésus alors souffla sur eux, il envoya son Esprit sur eux pour les envoyer en mission afin de transmettre aux hommes le pardon de Dieu. Ils le feront à travers les sacrements, et spécialement l’Eucharistie et le sacrement de réconciliation qui sont les dons par excellence de sa miséricorde : « tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis, tout homme à qui vous les retiendrez ils lui seront retenus » Ces deux sacrements nous sont offerts comme remède pour goûter dès cette terre à la paix et à la joie qui viennent d’en haut.

Thomas, qui veut toucher les marques des plaies de Jésus pour croire, est à l’image de notre génération qui exige des preuves tangibles pour croire. Jésus le lui permet, comme nous pouvons espérer que sa miséricorde infinie permettra très bientôt à notre génération incrédule de toucher Dieu. Rappelons-nous ces paroles de Jésus à Ste Faustine : « j’entrouvrirai le ciel, afin que l’on cesse de douter de mon infinie bonté ». Quelle espérance pour nous ! Mais quelle belle promesse Jésus fait dans l’Évangile, à ceux qui n’ont pas besoin de preuves et de démonstrations rationnelles pour croire : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Bienheureux, somme-nous, nous qui croyons que dans quelques instants, Jésus sera là sur l’Autel, caché sous les apparences d’une pauvre hostie, et qui, par la bouche du prêtre, nous dira à nous aussi : « la Paix soit avec vous ! » Nous n’avons rien à envier aux apôtres. Par la foi, nous le voyons, et ce qu’il dit, il le fait.