
Homélie du Père Emmanuel-Marie :
Juste quelques mots. Après un tel récit, comment ne pas être frappé parle contraste entre le déchaînement des ténèbres qui enserre le Christ, l’hostilité, la méchanceté, le mépris qu’Il reçoit, et la douceur, l’amour, la miséricorde qu’il renvoie à ses persécuteurs. La douleur est à son comble, l’injustice est totale puisque Il n’a pas commis de faute, pourtant de sa bouche ne sortent que des paroles de vérité, d’accueil, d’amour et de pardon. Au bon larron : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis ». Et à tous ceux qui ont le cœur endurci : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Le prophète Isaïe avait bien prophétisé au sujet du Messie : Il n’est « pas atteint par les outrages » ; Il ne s’est « pas révolté » ; Il ne s’est « pas dérobé » non plus. Son secret : Il est l’Amour incarné. Parce qu’Il est l’Amour, Il est fidèle à sa mission. Depuis la chute originelle, les hommes sont en carence de vie divine, et ils sont assujettis au pouvoir des ténèbres, c’est pourquoi ils souffrent et pèchent. Dieu a envoyé son Fils qui est la Vie pour qu’en le suivant, en étant incorporé à lui par le baptême, les vivifier, les restaurer, les guérir, et les libérer du pouvoir de Satan. Jésus, sa Vie, nul ne la prend, c’est lui qui la donne, parce que « c’est l’amour qui le tient sur la croix, ce ne sont pas les clous » disait sainte Catherine de Sienne.
Tous, nous souffrons, parce que les démons sont à l’œuvre, autour de nous, parfois même en nous, et parce que nous sommes faibles et vulnérables. Mais nous avons un remède pour ne pas être « atteint par les outrages », ce remède, c’est Jésus. Plus nous serons unis à lui, par les sacrements, par la prière, plus nous regarderons vers son Cœur transpercé, plus nous méditerons sa Passion, plus Il rendra notre fardeau léger. Son amour nous consolera, et notre souffrance unie à la Sienne, et offerte au Père pour le salut des âmes et du monde, Le consolera. « Il est mort pour tous, dit saint Paul, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Lui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Co 5, 15). Vivons de cet admirable échange : Dieu me console et je le console, et sa gloire ne tardera pas à se manifester en nous comme elle s’est manifestée en Lui. Amen