
Jésus nous parle de sa venue en gloire, alors que nous approchons de la fin de l’année liturgique. Bientôt, après la fête du Christ-Roi dimanche prochain, nous entrerons dans le temps de l’Avent où toute la prière de l’Eglise est tendue vers cet avènement. Déjà chaque Eucharistie nous met cet avènement glorieux en perspective : Aussitôt après la consécration nous chantons d’une seule voix : « Nous annonçons ta mort Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire »
Est-ce que cette annonce du retour en gloire de Jésus fait battre notre cœur ? Ou est-ce que ce sont des mots que nous répétons machinalement sans trop de convictions. Quand nous disons après le Notre Père : « nous qui attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus-Christ notre Sauveur ». En vérité, inconsciemment, nous ne voulons pas trop y penser parce que nous l’associons à la fin du monde, à cause du langage apocalyptique de la Bible. Mais ce langage ne décrit pas la fin du monde, mais la fin d’un monde corrompu à la racine. Il faut le second avènement du Christ pour que tous « ses ennemis soient mis sous ses pieds » nous dit l’épître aux hébreux ; et comme l’annonce le prophète Daniel dans la première lecture, ceux qui se seront montrés justes et intelligents (et non pas insensés) « brilleront comme les étoiles dans le firmament ». Dn 12, 3
Il n’annonce pas la fin de la vie sur la terre, Il n’annonce pas la mort, au contraire « tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption » Ps 15. Il dit que « la terre et le ciel passeront », au sens où la créature passe, où l’homme passe, où les empires passent mais « ses paroles ne passeront pas ». Et ce qu’Il dit, c’est que l’été s’en vient… « quand sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche… » dit Jésus. L’été, c’est la saison des fruits. Et les signes avant-coureurs, c’est un temps de détresse pour les nations. Il nous faut savoir lire les signes des temps : au cœur des bouleversements de ce monde, nous avons une ancre stable de salut qui est le Christ et sa Parole vivante. C’est à Lui qu’il faut s’attacher, à son Eglise, et non aux créatures, et à leurs idéologies passagères, à leurs empires qui ne brillent que pour un temps éphémère. L’Eglise ne nous invite pas à espérer la fin du monde (ça n’aurait pas de sens), elle nous appelle à supplier « Maranatha », c’est à dire en araméen « Viens Seigneur », viens, pour mettre fin à ce monde de corruption, de guerres, de famines, qui engendre tant de détresses et d’injustices. Désirer l’avènement du Seigneur, c’est entrer dans l’espérance de l’Eglise qui nous promet un ciel nouveau et une terre nouvelle où fleuriront la paix, la sainteté et l’amour.
Bien-sûr personne ne connaît ni le jour, ni l’heure, sinon Dieu seul. Attention à ces faux prophètes qui annoncent des dates sans cesse repoussées. D’ailleurs, qu’importe le jour et l’heure… Celui qui attend le Seigneur parce qu’il l’aime de tout son cœur, sait lire les signes des temps, la détresse annoncée, et Il attend le Seigneur, non pas les bras croisés, non pas en faisant des réserves ou des bunkers, mais en vivant dès ici-bas du Pardon du Seigneur, de sa Présence cachée dans sa Parole vivante, dans sa Sainte Eucharistie, dans le pauvre qui appelle à l’aide. « Ceux qui ont l’intelligence resplendiront » dit le prophète Daniel ; faisons preuve d’intelligence spirituelle, en veillant dans la foi, dans le jeûne, dans la prière avec la Vierge Marie, comme le faisaient les apôtres au Cénacle, et le Seigneur qui vient nous offrira son Royaume de paix, de justice et d’amour, qui donnera au monde son fruit tant attendu.