Homélie du Père Emmanuel-Marie :

Jésus fait un miracle qui a de quoi impressionner : Cinq pains et deux poissons qui se multiplient à volonté dans ses mains, jusqu’à nourrir une foule de 5000 personnes, c’est extraordinaire ! Mais Jésus est Dieu et Dieu est le créateur, pourquoi ne pourrait-il pas multiplier la matière ? Et la multiplication des cellules qu’on observe dans la croissance d’un être est aussi une multiplication de matière programmée par l’intelligence du Créateur, mais parce que ce prodige est inscrit dans le fonctionnement de la nature, cela nous semble normal… C’est compréhensible si Dieu en est l’Auteur, mais c’est totalement incompréhensible si l’on évacue Dieu comme le fait notre société occidentale.

En faisant ce miracle de la multiplication des pains et des poissons qui n’est pas dans l’ordre naturel des choses, Jésus veut nous dire, d’abord, que Dieu existe et ensuite qu’Il est à l’œuvre, en faisant exister les êtres à chaque instant. Et puis, Il annonce son grand don à venir, celui de Son Corps et de Son Sang, qu’il instituera le soir du Jeudi Saint. Et là, il ne s’agit plus de multiplier la matière, mais sa Sainte Présence vivante de Ressuscité qui se fait nourriture pour nos âmes. Il n’y a pas de miracle plus grand que celui-ci. Aujourd’hui, ce sont des foules qui sont nourries sur toute la planète.

Nous sommes le soir, et Jésus est entouré de ses apôtres, comme au jeudi saint. Les paroles qu’il prononce sont quasiment celles qu’il prononce lors de l’institution de la Sainte cène : « Jésus prit les pains, et les yeux levés au ciel, Il les bénit, les rompit, et les leur donna… » Jésus donne les pains et les poissons aux apôtres pour qu’ils les distribuent à la foule, Il nous rappelle ici le rôle de médiation de l’Église, et particulièrement des prêtres, pour que le Pain de Vie, soit distribué aux hommes, en nourriture pour leur âme. Tant que durera le monde, l’Église accomplira son rôle jusqu’au bout, qui est de donner Jésus à ceux qui le cherchent, et les prêtres ne manqueront jamais, car ils sont la présence continuée du Christ qui agit à travers leurs pauvres personnes sans qu’ils n’en aient aucun mérite. C’est le pur don gratuit de Dieu.

Le prêtre qui célèbre l’Eucharistie, c’est Jésus, qui prie le Père, qui rompt le pain pour nourrir son peuple, et l’unir à lui, afin qu’il soit un seul Corps avec Lui dans le Saint-Esprit. Pourquoi vais-je à la messe ? Pour m’unir à Jésus vivant, et à son Saint Sacrifice. Jésus est Dieu ! Unis à son Saint Sacrifice, tous mes actes prennent une dimension infinie, et ils servent son dessein de salut. Si je délaisse la messe, mes actes risquent de n’être plus qu’humains. Or c’est l’amour divin qui sauve le monde. Cet Amour répond à trois critères :

– il est universel, sans distinction de peuple et de culture

– il est gratuit, sans attente de reconnaissance

– il consent à la douleur parce qu’il est offrande avec le Christ pour le rachat de la multitude.

Ce que le Christ prononce à la messe, par la bouche du prêtre qui le représente, s’accomplit immanquablement. Quand Jésus dit : Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang, ce qu’il tient dans les mains devient ce qu’Il dit ; et quand il dit aux apôtres « Faites ceci en mémoire de moi » il donne aux prêtres le pouvoir de sa prière et de ses paroles, pour faire venir le Christ en personne sur l’Autel, afin de nous appliquer ses mérites à Lui.

Qu’il est grand le mystère de la foi ! Celui qui vit la messe avec un cœur ouvert, un cœur bien présent, bien disposé, reçoit la paix de Jésus, pour la rayonner autour de lui. « Celui qui communie, dit st Augustin, qu’il adore vraiment Jésus dans l’hostie ». Demandons à Marie un amour ardent de l’Eucharistie, un amour contagieux, rempli de foi et d’espérance, et ne perdons pas le temps précieux qui nous est donné pour sauver le monde avec le Christ.