
Homélie du Père Emmanuel-Marie :
« Celui qui vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple ». Et Jésus ajoute : « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple ». Jésus s’exprime de manière claire et sans nuance : Quand on est chrétien, on ne peut pas faire l’économie de la croix, c’est-à-dire de la souffrance. Ce qui la génère, c’est l’amour de soi et nos liens avec les créatures – les liens les plus forts étant les liens familiaux. La croix réside dans le fait que nous avons un combat à vivre pour que ces liens soient subordonnés à Celui qui nous a tout donné, à Celui qui nous crée et qui nous sauve. Autrement dit, que la première place lui revienne dans notre cœur ! Au Ciel, ce sera le cas, puisque Dieu sera tout en tous ! Notre pèlerinage en ce monde, n’a pas d’autre but que d’opérer cette conversion où tous nos liens terrestres, nous les subordonnons à notre amour de Dieu.
Cela ne va pas de soi dans ce monde blessé, comme le laisse entendre le livre de la Sagesse. Notre conscience des réalités d’en haut est obscurcie et notre volonté de plaire à Dieu affaiblie. Spontanément, nous allons vers ce qui est terrestre : la matière, la chair, le bien-être, le divertissement… toutes ces choses sont bonnes en soi, puisque c’est Dieu qui nous les donne, mais elles peuvent donner la fièvre, une fièvre mortelle si elles ne sont pas ordonnées à Dieu, c’est-à-dire à l’Amour véritable qui est fait de sacrifices et de renoncements. Toutes les mamans le savent. Le Christ a donné sa vie, pour nous guérir de cette fièvre. Il veut vivre à l’intime de nos cœurs par son Esprit, pour que nous nous libérions de nos esclavages, et goûtions la vraie vie, qui est en Dieu.
Nous sommes sur la terre pour faire l’apprentissage du véritable amour qui se glisse dans les petites choses de la vie quotidienne : un sourire, un geste de générosité, une parole de bonté, un effort d’humilité, de patience, une pensée bienveillante, un regard de compassion, une écoute compréhensive, un pardon… Ces petites choses qui font tant de bien, sont grandement facilitées quand notre âme se repose et se nourrit dans le silence de la prière, à l’écoute de l’Esprit, quand nous vivons sous le regard du Père, et dans les bras de la Vierge Marie, Refuge des pécheurs.
Dieu nous rend libres dans le Christ, ce que St-Paul explique à Philémon au sujet de son esclave Onésime. Cet affranchissement a un prix : celui de la croix du Christ qu’il nous faut contempler, qu’il nous faut accueillir et embrasser, quand elle se présente dans nos vies. Nous n’y parvenons pas sans le secours du Saint-Esprit et sans l’aide de la Vierge Marie, à l’instar de l’apôtre Jean qui a pu se tenir au pied de la croix, parce que Marie y était avec lui. Apprenons à vivre avec la Vierge Marie, et Jésus prendra la place qui lui revient, nous ne vivrons plus pour nous-même, mais pour Lui. Amen