Dans cet évangile, Jésus se montre plein d’humanité : Il invite ses apôtres fatigués à se reposer à l’écart ; en même temps il est plein d’ardeur missionnaire, faisant passer sa mission avant tout le reste : « il se mit à les enseigner longuement parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger ». C’est un équilibre subtil qu’il n’est pas toujours facile de respecter. Ou bien nous sommes tournés vers notre égo et ses besoins que nous estimons toujours vitaux, oubliant que nous suivons un Christ crucifié, ou bien nous sommes tellement remplis de zèle, que nous en perdons notre bon sens humain, ayant peu le souci de ceux qui nous entourent et qui n’ont pas forcément les mêmes dispositions. Entre les deux, il y a l’équilibre de la miséricorde qui est l’identité, l’ADN de Dieu. S’il nous arrive d’être dans ce juste milieu, nous pouvons être sûr que le Saint-Esprit est à l’œuvre.
Le Saint-Esprit nous donne d’avoir le souci des autres, et particulièrement des pécheurs. Le dernier Concile nous a rappelé que tout baptisé est missionnaire, cela veut dire qu’il est justifié non seulement pour sa sanctification personnelle, mais pour la sanctification du Corps tout entier. J’aime cette parole de Jésus à Ste Marguerite-Marie : « une âme juste obtient le pardon pour mille criminels » Mais cela suppose que le Saint-Esprit soit toujours à l’œuvre dans cette âme, qu’elle ne lui ait pas tourné le dos, qu’elle vive en amitié avec le Seigneur. Or une âme qui est en amitié avec le Seigneur, c’est une âme qui se laisse interpeler par sa conscience et qui vient à la lumière ; si elle tombe dans le péché, elle se relève aussitôt tombée en confessant son péché au prêtre.
Avant que je ne parte en mission en Afrique, une sainte personne m’a donné ce conseil. Il m’a dit : « ne repousse jamais une personne qui te demande la prière, ou la confession, car alors c’est le Christ qui agit par ta bouche et par tes mains ». Quand nous planifions trop notre temps, nous courons le risque de laisser passer des occasions de consoler des âmes au nom du Seigneur. Le Seigneur se cache souvent dans les événements imprévisibles, qui échappent à ce qui a été planifié. Il faut accepter de se laisser déranger. Le prophète Jérémie avertit les pasteurs de leur responsabilité face à la dispersion des brebis. Le prêtre, par l’onction dont il est revêtu, a dans ses mains un immense pouvoir, celui de sanctifier les âmes, de les réconcilier avec Dieu, avec eux-mêmes et avec les autres. Si une personne vient à lui, il doit l’accueillir comme le ferait Jésus, car le prêtre agit au nom du Christ, et ce sont les gestes mêmes du Christ Sauveur qu’il reproduit. Par le baptême déjà, le chrétien devient prêtre, prophète et roi, c’est à dire qu’il a le pouvoir d’agir en son nom pour apporter sa pierre à l’édifice de la Paix universelle que Dieu veut établir sur la terre à la fin des temps, redonnant au monde sa splendeur première. « Le Christ est notre Paix », nous dit St Paul aux Ephésiens. C’est Lui qui doit rassembler dans l’unité ses enfants dispersés ; les mauvais pasteurs, et les apostats, (c’est à dire ceux qui le renient) contribuent tout juste à retarder l’avènement de cette paix. Mais elle se réalisera immanquablement, même si la malice et l’endurcissement des hommes engendrera une purification nécessaire. Au final, le petit reste fidèle « habitera en sécurité » et aucun ne sera perdu », nous annonce le prophète Jérémie. En somme le Dieu de justice et de miséricorde aura le dernier mot sur toutes les forces du mal, car Il ne peut se renier lui-même. Quoi qu’il arrive, demeurons toujours dans cette espérance. Amen