Homélie du Père Emmanuel-Marie :

« Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole, dit Jésus ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et chez lui nous ferons une demeure ». « Chez lui » c’est-à-dire dans son cœur. Chaque fois que nous communions à Jésus-hostie, nous nous rappelons cette vérité fondamentale : Jésus veut faire sa demeure en nous. Avant le péché de nos premiers parents, c’était une évidence, mais depuis que le mal est entré dans le cœur de l’homme, ça ne l’est plus. Le Fils de Dieu nous a livré sa vie pour que nous retrouvions cette évidence qu’Il est notre lumière, qu’il est notre gloire.

« Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole », c’est-à-dire à mes commandements, à ma loi d’amour. C’est important de se laisser instruire de la Parole de Dieu en Église. Dans la première lecture, on voit les apôtres qui cherchent la volonté de Dieu, et les opinions divergent. Que font-ils, alors ? Ils se rassemblent, ils prient, ils partagent leurs points de vue, et ils cherchent l’unité, la vérité dans la charité. Quand les hommes sont ainsi bien disposés, dans l’écoute mutuelle, la volonté de Dieu finit par s’exprimer, d’autant que Dieu a donné à Pierre et à ses apôtres unis à Lui, aujourd’hui le pape et les évêques unis à lui, les clés du royaume des cieux. C’est pourquoi l’actualité de la Parole du Christ passe par l’enseignement du magistère de l’Église, qui a l’autorité même du Christ.

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » dit encore Jésus. On pourrait penser qu’il se répète, mais non, Il dit deux choses différentes. Il dit d’abord : « je vous confie une mission – ma mission qui est de bâtir la paix et l’harmonie dans le monde ». C’est la mission de Jésus, Prince de la Paix (livre d’Isaïe) « la paix soit avec vous ! ». Vous devez l’incarner cette paix, avec vos proches, avec votre entourage, dans votre milieu de travail. Or quand on ne se sent pas aimé, c’est bien difficile d’incarner cette paix, parce qu’on se ferme, parce qu’on se met en colère, parce qu’on peut devenir agressif…

C’est pourquoi pour remplir ma mission de chrétien pacificateur, j’ai besoin de Jésus qui est vivant. C’est pourquoi, après avoir dit : « c’est la paix que je vous laisse à faire, il ajoute : « c’est ma paix que je vous donne ». Jésus nous donne sa paix, pour que nous soyons artisans de paix. Il nous donne sa paix, mais pas à la manière du monde, la paix qui nous vient du monde est une fausse paix basée sur des arrangements politiques, économiques ou sur un déploiement de force militaire visant à dissuader l’agresseur potentiel. Cette paix que nous donne le monde, ne dure jamais, nous le savons bien…

Nous avons besoin de la paix que Jésus nous donne, car elle remplit le cœur. Si notre cœur est rempli de la paix de Jésus, la guerre n’éclatera pas. Les guerres commencent toujours dans le cœur. La division commence dans le cœur, elle se transmet dans la famille qui se divise à son tour, et finalement, c’est la nation qui est contaminée, et c’est comme cela que l’on se dresse nation contre nation. Pour avoir un cœur vraiment dans la paix, il faut avoir Jésus dans le cœur ; et pour transmettre cette paix aux autres, pour être missionnaire – et tout chrétien digne de ce nom devrait l’être – il faut avoir Jésus dans le cœur, il faut qu’il règne dans notre cœur.

Ce qui s’oppose à cette paix, c’est l’inquiétude, l’angoisse, la peur : « Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés » dit Jésus. Comment calmer l’angoisse, l’inquiétude, qui font partis de notre condition humaine actuelle ? Le seul remède efficace est la confiance en Dieu ; et cette confiance s’instaure au contact de sa Parole, dans la prière continuelle, en fréquentant sa Sainte Eucharistie, en faisant l’expérience de son Pardon, de sa miséricorde. Il est notre Paix et notre cœur est sa demeure. Il s’y trouvera d’autant plus à l’aise que nous aurons accepté de redevenir des petits enfants dans les bras de Marie. Nous sommes dans le mois de Marie. Demandons à Marie de nous donner son Fils afin de porter ce beau fruit de la paix.