Homélie du Père Emmanuel-Marie :

Le pape François a souhaité que le lendemain de la Pentecôte soit fêtée Marie, Mère de l’Église, pour rappeler à tous que si le Saint-Esprit est l’âme de l’Église, Marie en est la Mère. L’origine, nous la trouvons dans les dernières volontés de Jésus exprimées sur la croix : Il confie son disciple bien-aimé à sa Mère, et sa Mère au disciple, comme le rapporte st Jean. On ne peut pas être apôtre du Saint-Esprit sans être enfant de Marie ; on ne peut pas être un authentique fils de l’Église sans prendre Marie chez soi, c’est-à-dire sans l’accueillir comme notre Mère dans la foi. (St Paul VI écrivait dans son encyclique sur la Vierge Marie : « l’action de l’Église doit être un prolongement de la sollicitude de Marie »). À défaut, on risque, dit le pape François, de faire perdre à l’Église sa dimension maternelle, et de la réduire à une structure autoritaire qui ne rassemble pas ses enfants, mais qui les disperse par un excès de légalisme.

« Marie, Mère de l’Église », est un titre que le pape Paul VI avait solennellement décerné à la Vierge Marie, à la clôture du Concile Vatican II, après avoir consulté les évêques du monde entier. Ce titre veut signifier que Marie exerce une maternité spirituelle, non seulement sur chacun de ses enfants en particulier, mais sur le corps dans son ensemble, sur toute la communauté des croyants qu’elle garde sous son manteau. Marie nous est indispensable pour écraser la tête du Dragon qui crache son poison de division sur l’Église, afin qu’elle perde son unité, sa force évangélisatrice et sa fécondité pastorale.

Marie, Mère de l’Église, c’est Marie qui étend sur ses enfants son manteau protecteur, symbole de son intercession toute-puissante et terriblement efficace envers tous, que nous soyons catholiques, orthodoxes ou protestants. Marie, comme son Fils, ne fait pas de différence entre ses enfants. Elle est dans la chambre haute avec les apôtres, attendant la venue de l’Esprit Saint, à la manière d’une épouse fidèle. Elle est la Mère qui nous aide à redevenir des petits enfants humbles, dociles, obéissants en vue du Royaume. « Le Royaume appartient à ceux qui leur ressemblent » a dit Jésus.

Ayons tout à la fois un grand amour du Saint-Esprit, un grand amour de Marie, son Épouse, et un grand amour de l’Église, notre Mère, car comme le disait st Jeanne d’Arc : « le Christ et l’Église, c’est tout un », et comme le dit st Louis-Marie Grignion de Montfort, « Depuis l’Incarnation du Verbe, l’Esprit et la Vierge Marie agissent toujours ensemble pour enfanter les fils et les filles de Dieu ». La semence divine de l’Esprit a besoin d’une terre accueillante pour être fécondée, pour germer, croître et porter du fruit ; cette terre idéale est le Cœur immaculé de Marie. Plus nous serons proches de ce Cœur si disponible, si tendre et malléable, plus le Saint-Esprit opérera en nous ses miracles de divinisation afin qu’au Grand Jour de Dieu, Il soit tout en tous et que nous chantions à l’unisson son Magnificat éternel. Amen