Homélie du Père Emmanuel-Marie :

Jésus, dans cet épisode, agit avec la fougue du prophète, en dénonçant une dérive grave dont se rend coupable l’autorité religieuse d’Israël : Le fait de perdre de vue sa mission qui est d’apporter la lumière aux nations païennes. Alors de quoi s’agit-il ? Le premier parvis du temple, qui est le seul endroit du temple accessible aux non-juifs, est devenu un véritable marché où le recueillement de la prière est devenu impossible. Résultat : les païens qui cherchent Dieu, sont empêchés de le trouver. Et ceci, pour des intérêts mercantiles, pour des questions de sous.

Comment accéder au mystère de Dieu s’il n’y a pas un minimum de silence et de prière pour préparer son cœur qui est le véritable sanctuaire de Dieu, et qui doit le devenir de plus en plus ? Que dirait le Seigneur aujourd’hui ? Quand j’étais curé de paroisse, dans le Tarn, en milieu rural, j’ai combattu plusieurs années le bavardage avant la messe. Pour la simple raison que cela fait fuir les nouveaux convertis qui ont une grande soif de rencontrer Dieu, et Dieu se rencontre dans la prière et le silence. Les conversations sont pour après, et à l’extérieur de l’église. Réjouissons-nous qu’à Valcluse c’est une chose acquise, car ce n’est pas le cas partout, loin de là, mais avec la détresse présente, le besoin de silence et de se confier à Dieu revient au galop. À toute chose malheur est bon, dit le proverbe.

Dans son geste prophétique, Jésus annonce aussi les temps nouveaux où son Corps offert en sacrifice va réaliser une fois pour toute ce que les sacrifices d’animaux ne pouvaient que préfigurer. Par son Saint Sacrifice, Jésus accorde le pardon des péchés ! Désormais, pour être sauvé, il ne s’agit plus de se rendre dans un temple fait de main d’homme, à Jérusalem ou ailleurs, il s’agit de s’unir au Christ qui est mort et ressuscité pour tous les pécheurs. Cela dit, nos églises de pierre ont encore une utilité, car s’y dressent des autels où la Sainte Eucharistie est célébrée pour que se perpétue, jusqu’à la fin du monde, l’unique Sacrifice du Christ, rendu présent, sacramentellement, de manière non sanglante, mais bien réelle.

Cette union au Christ, se réalise par l’unique moyen de la prière confiante, en Dieu et en l’Église, jusqu’à ce que le torrent d’eau vive de l’Esprit, que le prophète Ézéchiel décrit, envahisse peu à peu le temple de notre cœur, et que nous ne vivions plus que d’amour, servant Dieu et le prochain à l’image du Christ et à l’image de sa Sainte Mère, parfaite icône du Cœur de son Fils. Alors, nous pouvons chanter comme le psalmiste : « Dieu est pour nous refuge et force, secours toujours offert dans la détresse. Au point que nous sommes sans crainte si la terre est secouée, si les montagnes s’effondrent au creux de la mer […] car Dieu est là, inébranlable, véritable citadelle pour nous. » Amen