
Homélie du Père Emmanuel-Marie :
Il est question aujourd’hui de guérisons. Dieu nous guérit. Rien d’étonnant puisqu’il est notre Créateur et notre Bienfaiteur. La lèpre est une maladie qui ronge les chairs jusqu’à entraîner la mort. Image du péché qui ronge notre âme jusqu’à la rendre moribonde. Dieu nous guérit chaque fois qu’il nous visite, et pour nous visiter, il n’attend pas que nous le connaissions, et que nous le servions. Dans la première lecture, Naaman le syrien est un étranger, un homme qui n’a pas reçu la Révélation faite au peuple d’Israël. Et dans l’Évangile, c’est un samaritain « hérétique » qui est guéri. Il est même le seul à rendre grâce. Autrement dit, Dieu aime tous ses enfants pareillement, et pour les guérir, Il ne regarde pas à leur appartenance religieuse.
Toutefois, une condition est requise pour que Dieu me visite et me guérisse : quelle que soit la doctrine qui me fait vivre, que je me considère comme un pauvre qui a besoin d’implorer le secours de Dieu. Ce que font les 10 lépreux de l’Évangile ; ils vont à la rencontre de Jésus et lui crient : « Jésus, maître, prends pité de nous. » « Le Seigneur a compassion du faible et du pauvre », (Ps 71) mais encore faut-il se reconnaître pauvre, et implorer la miséricorde de Dieu. Quand on est trop sûr de soi, on ne pense même pas à se tourner vers Dieu, et l’orgueil nous tient loin de Lui, et fait obstacle à notre guérison. « Dieu donne sa grâce aux humbles, Il résiste aux orgueilleux. » (Jc 4, 6)
Est-ce à dire que ceux qui demeurent malades malgré leurs supplications, sont des orgueilleux ? Bien sûr que non ! St Paul dit à Timothée, « si nous supportons l’épreuve avec lui, avec Lui nous régnerons ». Cela veut bien dire que même si la souffrance est un mal en soi objectif, le fait de la supporter avec le Christ lui donne une valeur rédemptrice qui fait que le mal objectif se change en bien. Le crucifiement de Jésus est un mal qui se change en bien puisqu’il accomplit le salut du monde. Ce changement s’opère par l’Amour que le Christ nous a manifesté en donnant sa vie pour nous.
Dernière remarque : Les 10 lépreux sont guéris, mais un seul reçoit la certitude d’être sauvé : « Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé. » Une chose est d’être guéri d’un mal, autre chose est d’être sauvé, c’est-à-dire d’avoir la vie éternelle en héritage. Et pour cela, un seul chemin : Jésus-Christ. C’est Lui le Sauveur, il n’y en a pas d’autre. Est sauvé, celui qui fait le choix de suivre le Christ, comme son Seigneur et son plus grand Ami, et le signe de cette foi véritable qui nous ouvre le ciel, est d’être un enfant reconnaissant, qui sait rendre grâce, qui sait dire Merci à Celui qui nous a donné sa Vie. « Eucharistie » signifie « action de grâce ». Voilà pourquoi les chrétiens se rassemblent chaque dimanche depuis plus de deux mille ans.