
Homélie du Père Emmanuel-Marie :
L’Évangile d’aujourd’hui peut susciter dans les cœurs une certaine crainte, car il y est question d’une porte qui est étroite, et qui plus est, va se refermer sur un certain nombre qui supplieront de pouvoir entrer sans y parvenir. Quelle est cette porte ? C’est Jésus, comme il nous l’a dit en St Jean : « Je suis la Porte, si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé » (Jn 10, 9). Mais pourquoi est-elle étroite si Jésus a un cœur si large et miséricordieux ? Parce que chacun doit y passer l’un après l’autre. Dieu a versé son Sang pour chacun en particulier ; Il aime chacun d’une manière unique et chacun sera jugé d’une manière unique. Elle est étroite aussi parce que nous la voyons étroite, à cause de notre orgueil et de notre égoïsme inhérents à notre nature humaine blessée.
Cette Porte étroite reste toujours ouverte, mais elle peut se refermer sur nous, au jour de notre mort et au Grand Jour de Dieu, lors de son avènement cosmique qui doit nous faire entrer dans la terre nouvelle et le ciel nouveau. Le temps présent nous est offert pour changer notre cœur abîmé par le péché et laisser la grâce de Dieu nous transformer. Cela, au prix d’une lutte de chaque jour : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. » « Efforcez-vous » : la vie est un combat, une lutte, « non pas contre des adversaires de chair et de sang, mais contre des esprits mauvais », dit l’apôtre Pierre. Seul Jésus peut nous en libérer. Son Cœur de miséricorde est cette Porte ouverte à tous, sans exception, à condition toutefois de reconnaître sa misère, faite d’orgueil, d’égoïsme, d’impureté. Reconnaître sa misère et la confesser dans le sacrement du pardon qui nous lave.
Cette porte, nous prévient Jésus, peut se refermer sur des chrétiens qui fréquentent l’Église : « nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places » « Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice »… Ce que regardera le Seigneur à l’heure du jugement, ce n’est pas la liste de nos engagements en Église ; Il regardera à notre cœur : Reflètera-t-il Son Cœur à Lui, un cœur libre, pur, doux, humble, miséricordieux ? Ou bien sera-t-il encombré de grosses valises qui sont nos attachements au mal et aux biens passagers de ce monde : attachement à l’argent, au pouvoir, aux plaisirs, au mensonge… qui ne demeureront pas dans le monde à venir.
Alors, n’attendons pas demain pour laisser la miséricorde du Christ nous détacher de l’esprit du monde. Suivons-le de près, en prenant Marie chez nous ; Avec elle, le chemin de notre conversion devient plus facile, et le fardeau de cette vie plus léger à porter. Marie est le chemin que Jésus a emprunté pour venir jusqu’à nous. Et il nous l’a donné pour Mère pour que nous prenions le même chemin pour aller à Lui ; avec Elle, apprenons la fidélité dans la prière et les sacrements, et surtout apprenons à aimer, en étant artisans de justice et de paix, et miséricordieux envers nos frères. Alors au Grand jour de Dieu, la Porte du Royaume restera grande ouverte pour nous.