
Homélie du Père Emmanuel-Marie :
On présente à Jésus une femme, prise en flagrant délit d’adultère. C’était un péché, passible de lapidation, selon la loi de Moïse. Mais Jésus leur dit : « celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre », et nous voyons les accusateurs de cette femme se retirer les uns après les autres, car tous ont péché d’une manière ou d’une autre. Jésus rappelle ici avec force qu’il n’est pas venu pour juger, ni pour condamner les pécheurs, mais pour les sauver.
Jésus prêche la miséricorde, « ce bien qui dépasse tout » pour lequel st Paul considère tous ses avantages de citoyen romain et de juif érudit comme une perte. La miséricorde, c’est cette main de Dieu, tendue au pécheur, pour l’arracher à son mal et lui redonner confiance en ses capacités de changer avec sa grâce. La miséricorde a toujours compassion du pécheur, tout en ayant horreur du péché. La Bonne nouvelle de l’Évangile, c’est que celui qui croise le regard miséricordieux de Jésus, et qui place en lui sa confiance, est sauvé. C’est pourquoi cette miséricorde du Christ doit être annoncée avant même la dénonciation du mal et du péché. Le Christ nous sauve non pas parce que nous sommes saints, mais en raison de son pardon qu’il nous accorde inlassablement jusqu’à la fin du monde, si nous venons à Lui avec un cœur contrit, repentant, désireux de changer. Alors. Il nous relève et nous ouvre un avenir.
L’histoire ne dit pas si cette femme s’est convertie, si elle a saisi cette grâce du pardon… nous pouvons l’espérer. Nous-mêmes, s’il peut nous arriver de nous égarer, rappelons-nous que nous avons un avocat auprès du Père : Jésus ; et que si nous nous tournons vers lui comme un pauvre, en reconnaissant nos fautes (le mieux étant de s’en confesser au prêtre), Il nous refait à neuf, il nous redonne l’énergie de la conversion, pour aller de l’avant. Celui qui se confesse rarement, finit par perdre l’énergie de la conversion, car en fait, c’est Sa miséricorde qui nous bonifie, nous transforme, au gré de nos victoires sur le mal, mais aussi de nos échecs, car tout est grâce, pourvu que nous nous en remettions à Lui.
Alors prenons résolument le chemin de la conversion, accueillons le pardon de Dieu dans le sacrement de réconciliation, et faisons le choix de l’espérance en ce que Dieu fait pour nous, en ce qu’il fait pour le monde pour qu’il devienne croyant. Notre Saint Père nous conduit sur ce chemin. Avec lui, laissons les activités des ténèbres, déposons les pierres de nos amertumes, de nos jugements, de nos condamnations sur autrui, et revêtons-nous de la lumière de sa miséricorde les uns envers les autres. Puisqu’Il nous a pardonné, pardonnons-nous les uns les autres, et appuyons-nous sur Lui qui veut régner en nous pour nous faire triompher de tout mal. Amen