
Homélie du Père Emmanuel-Marie :
Nous sommes dans les derniers jours qui nous préparent à Noël, et la liturgie nous invite à contempler Joseph, l’humble, le chaste, le juste Joseph. Trois qualités qui ne vont pas l’une sans l’autre, tant Joseph est bien ajusté à Dieu, ajusté à sa Volonté. Devant l’évidence que Marie est enceinte, après trois mois d’absence, alors même qu’ils n’ont pas encore habité ensemble, Joseph se trouve plongé dans un combat intérieur terrible : une véritable nuit de la foi. Un état que connaissent les saints, comme Jean-Baptiste (on l’a vu dimanche dernier), qui n’est pas de l’ordre du doute qui assaille ceux qui ne sont pas suffisamment ancrés dans la prière. Le démon devait se complaire à suggérer à Joseph des pensées de soupçon, mais connaissant la sainteté de son épouse, il n’y consentait pas. Mais, ces suggestions du diable suffisent à troubler une âme sainte, d’autant qu’il ne comprend pas pourquoi Marie garde le silence. Elle ne lui dit rien. Il sait que le Messie doit naître d’une vierge, mais sans une lumière d’en haut, son humilité ne lui permet pas de l’envisager. Il est dépassé. C’est la nuit obscure. Alors plutôt que de dévoiler publiquement une réalité qu’il ne comprend pas et qui pourrait mettre Marie en danger, il décide de se séparer d’elle en secret. C’est son humilité et sa charité qui le guident. Il n’a pas péché, voilà pourquoi il est appelé Joseph le Juste.
L’ange de Dieu, probablement Gabriel, qui le visite en songe, met fin à son épreuve. Avez-vous remarqué que Dieu intervient toujours au dernier moment ? Au plus dur de l’épreuve… peut-être parce que l’épreuve nous est mystérieusement utile. Elle nous purifie, elle nous fait réclamer sa grâce. L’ange informe Joseph que Marie est enceinte par l’action de Dieu, et qu’Elle est bien la Vierge qui doit enfanter le Messie ; il l’informe également que le lien matrimonial qu’il a contracté avec elle, fait partie du dessein de Dieu : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse… ». La volonté de Dieu est que Joseph assume son rôle d’époux et de père de l’Enfant. Même si l’Enfant est conçu divinement du Saint-Esprit, sans intervention masculine, c’est par Joseph qu’il entre dans la lignée de David, et selon la loi juive, un enfant adopté appartient à la généalogie du père. Jésus est donc bien fils de Joseph, par adoption, il est bien fils de Marie par la chair, et Fils de Dieu par l’action du Saint-Esprit.
Quand Joseph se réveille, il obéit aussitôt au message du ciel. L’humble obéissance à la Parole de Dieu est la meilleure réponse aux tourments de l’âme. Il prend chez lui son épouse. Dès lors, Joseph et Marie, unis dans la foi, l’espérance et l’amour, deviennent ensemble, les gardiens de ce grand mystère de l’Incarnation. Et, à leur suite, l’Église en sera la gardienne contre tous les mensonges que l’adversaire cherche à introduire. En suivant Marie et Joseph, en suivant l’Église, nous ne nous trompons pas de chemin, et la foi humble et obéissante est le gage le plus sûr pour que Jésus vienne nous sauver.