
Homélie du Père Emmanuel-Marie :
Un père avait deux fils, deux héritiers ; les héritiers de Dieu ce sont les hommes, chacun de nous, nous avons été créés avec amour, en vue de partager Sa Gloire. Depuis le péché d’Adam et Eve, nous blessons le Cœur du Père, de deux manières, à la manière du fils cadet, ou à la manière du fils aîné. Celui qui pense ne pas offenser Dieu, de l’une ou l’autre manière, se fait illusion ; d’ailleurs st Jean le dit : « si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons, et la vérité n’est pas en nous » (1 Jn 1, 8). Mais ce que nous oublions souvent, c’est que lorsque nous péchons, c’est au Père que nous infligeons la plus grande blessure, tellement son Cœur est pur et rempli d’un amour infini pour chacun de ses enfants.
La parabole nous dit : « Le père leur partagea ses biens », à tous les deux, de sorte que tout ce qui est au Père est aux fils. Quand Dieu nous a-t-il partagé ses biens ? En nous donnant la vie par l’union de nos parents, et plus encore en nous donnant Sa Vie éternelle par le baptême, la communion, la confirmation, et en nous restaurant purs et saints dans le sacrement de réconciliation… Mais que faisons-nous de ces dons ? Les sacrements sont les cadeaux inestimables du Père, qu’Il nous donne pour que nous retrouvions l’innocence du petit enfant qui n’est bien que dans les bras de Dieu.
Hélas, nous nous comportons souvent comme des adolescents, impatients de quitter la maison paternelle. Combien quittent l’Église après leur première communion ou leur confirmation ? Moi, je l’ai quittée quelques années après la communion, mais j’avais des circonstances atténuantes : je me suis pris une paire de gifles de l’aumônier parce que je distrayais son auditoire pendant son enseignement. Résultat j’ai refusé de faire ma confirmation et à partir de mes 16 ans, j’ai cessé de pratiquer. On s’imagine être plus libres en s’affranchissant du troisième commandement : « Tu te souviendras du Jour du Seigneur et tu le sanctifieras » mais la vérité c’est qu’on se prive du plus grand cadeau que Dieu nous fait : le don de Sa Vie Divine. Je n’étais pas là au pied de la Croix, mais je peux être à la messe qui est le même mystère. La messe, c’est le calvaire rendu présent à chacun pour que nous nous déterminions pour Lui et qu’Il nous assimile à Lui en vue de la gloire à venir. S’en affranchir, c’est se préparer non plus au ciel, mais au purgatoire. Loin de l’Église, nous nous exposons à toutes sortes de dangers qui nous conduisent à dilapider les biens que Dieu nous a partagés et à mettre notre vie éternelle en danger. Heureusement pour nous, Dieu est Miséricorde.
Nous pouvons aussi offenser Dieu comme le fils aîné de la parabole, nous ne quittons pas la maison du Père, parce que nous pratiquons notre foi, nous nous efforçons d’observer les commandements de Dieu et de l’Église, nous allons à la messe chaque dimanche, nous sommes engagés dans des mouvements paroissiaux, mais nous en restons à une pratique formelle qui ne change pas notre cœur. Nous l’honorons des lèvres, mais notre cœur reste loin de Lui, pourquoi ? Parce que nous le servons à la manière des serviteurs qui servent leur Maître à travers une obéissance servile alors que le Seigneur attend de nous que nous soyons ses amis ayant envers Lui une véritable affection, des sentiments de confiance filiale. On veut ressembler à son plus grand Ami, on veut lui plaire par amour, et on a confiance en Lui. Si notre amour du Seigneur n’atteint pas ce degré-là, on restera à distance même en étant dans la Maison, et notre cœur restera le même au prise avec toutes sortes de mauvais sentiments.
Dans la parabole, les deux fils sont pécheurs, mais un seul est justifié : celui qui reconnaît son péché et qui le confesse. Considérons-nous toujours comme des pécheurs ayant besoin de revenir sans cesse vers le Père, parce que conscients de nos faiblesses et du trésor inestimable qu’est la miséricorde de Dieu. Désirons régulièrement son pardon dans le sacrement de réconciliation, c’est le moyen que le Seigneur nous donne pour trouver la force de ne pas juger les autres, et de pardonner si nous avons été blessés. Demandons à notre Mère du ciel, la grâce de rester fidèle à l’Église de Dieu, non par habitude, mais par amour et dans l’humilité d’un cœur qui se reconnaît pauvre et qui veut tout attendre de Dieu.