3ᵉ dimanche de l’Avent A

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Dernière modification de la publication :16 décembre 2025

2025 12 14 OIP

Homélie du Père Emmanuel-Marie :

Jean-Baptiste fait demander à Jésus : « Es-tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » Jean-Baptiste est désigné par Jésus comme le plus grand des prophètes, et le voilà qui semble douter de l’identité de Jésus. Certains pères de l’Église pensent que ce n’est pas lui, mais ses disciples qui doutent, et que c’est pour leur donner l’occasion de se mettre en contact direct avec Jésus, qu’il les envoie, pour qu’ils se décident à le suivre, d’autant qu’il pressent qu’il ne vivra plus bien longtemps.

C’est possible, mais cela reste une hypothèse qui ne fait pas l’unanimité ; je lui préfère personnellement une autre hypothèse, qui est de penser que Jean-Baptiste a réellement traversé un moment de doute, mais qui n’est pas de même nature que le doute qu’expérimentent les tièdes qui ne prient pas assez, qui ne sont pas assez unis à Dieu. Ce que Jean-Baptiste expérimente est d’une autre nature. C’est l’épreuve ultime de la nuit de l’esprit que connaissent les saints. 

Ste Thérèse de l’Enfant Jésus disait, au plus fort de sa maladie, qu’elle ne sentait plus la présence de Dieu, qu’elle se demandait même s’il existait vraiment… Comme Jésus sur la croix : « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné. » Pourtant, Thérèse ajoutait : « je crois parce que je veux croire… ». Sa volonté s’engage à la suite du Christ, alors même qu’il se cache. On n’est plus là dans le doute, mais dans la foi pure, mise à l’épreuve. Plus près de nous, il y a le cas de Mère Térésa dont la publication du carnet intime a révélé un état intérieur similaire.

Jean-Baptiste est le plus grand des prophètes, c’est Jésus qui le dit. Mais il est dit grand, non pas parce qu’il a toute la science, mais parce qu’il est humble, et c’est pour cela que Jésus ajoute : « cependant, le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui ». Le plus petit dans le royaume des cieux, c’est Jésus qui est évidemment plus grand que Jean-Baptiste. Et la plus petite, c’est la Vierge Marie, Reine des prophètes, parce que la plus humble des enfants des hommes après Son Fils Jésus.

Or justement, Marie, elle non plus, n’a pas échappé à cette nuit de la foi, quand elle a dû fuir en Égypte, quand elle a cherché pendant trois jours son enfant disparu, et plus encore, quand elle est debout au pied de la croix, son Cœur de mère transpercé d’un glaive. Elle a attendu patiemment la résurrection de son Fils, comme il nous est demandé aujourd’hui d’attendre « que le pays de la soif exulte et fleurisse », que les promesses de paix annoncées par les prophètes, et que chaque Eucharistie réclame, advienne enfin. Nous savons bien que cela est au-delà des capacités humaines, mais que c’est possible à Dieu qui vient à notre rencontre de manière toujours nouvelle par le Saint-Esprit. Alors mettons notre confiance en Jésus qui vient nous sauver et qui veut que son Règne s’établisse sur la terre comme au ciel. Amen