Homélie du Père Emmanuel-Marie :

Notre monde, sous l’influence de l’adversaire, est devenu autosuffisant, indifférent à Dieu, et réfractaire à sa loi,.L’amour se refroidit, particulièrement en notre occident qui a cru bon, depuis la révolution française et le siècle des lumières, de s’affranchir de Dieu pour n’avoir plus de devoirs envers Lui. Nous sommes devenus un peu à l’image de ce juge de l’Évangile qui n’a plus la crainte de Dieu et ne respecte pas les autres parce qu’il ne recherche que son intérêt égoïste et orgueilleux. Or Jésus est venu dans le monde pour nous révéler le véritable Amour, Celui qui a sa source en Dieu, et Il est venu pour nous libérer des filets de Satan qui cherche à refroidir nos cœurs et à semer le chaos sur la terre.

Nous avons reçu un feu d’Amour à notre baptême, Celui de l’Esprit Saint, qui ne demande qu’à se répandre sur tous. Par quels moyens ? Les lectures nous parlent de deux moyens : – la prière et – la lecture des Saintes Écritures. La prière la plus puissante, c’est bien évidemment la prière du Christ lui-même qui intercède pour nous auprès du Père. C’est celle que figure Moïse dans ce beau passage tiré du Livre de l’Exode. Quand Moïse a les bras levés, l’Ennemi perd de son pouvoir. Les bras levés, c’est le prêtre qui agit in persona Christi (c.-à-d. en lieu et place du Christ) quand il célèbre les sacrements et tout particulièrement le Sacrifice de la Messe. Dieu qui nous a créé sans nous, ne veut pas nous sauver sans nous, sans notre acquiescement et notre participation. En venant à la Messe, nous participons à son Saint Sacrifice et nous rendons grâce au Père avec Lui. Comme il a fallu des aides pour soutenir les bras de Moïse, la prière du Christ a voulu avoir besoin pour triompher, de la supplication toute-puissante de l’Église, c’est-à-dire de la Vierge Marie et de tous les fils et filles de Dieu qui« crient vers lui jour et nuit ».

L’autre moyen, c’est la Parole vivante de Dieu qui nous éclaire et nourrit notre foi. Si nous prenons le temps de la lire et de la méditer chaque jour, elle éclairera notre conscience sur ce qui est juste et bon, sur ce qui plaît à Dieu. La Bible est-elle ouverte dans nos maisons ? Sa Parole est-elle dans notre cœur et sur nos lèvres ? « Grâce à elle, nous dit st Paul, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire le bien. » (2 Tm 3)

Si le peuple de Dieu déserte le culte, ne pratique pas sa foi, il stérilise sa vie, et contribue à retarder le plan de Dieu qui est de sauver l’humanité du mal, du péché et de la mort, de réchauffer les cœurs et finalement de changer la face de la terre. Si au contraire le peuple de Dieu est fidèle à suivre le Christ et à le soutenir dans son intercession – et il suffit d’un petit reste uni à Marie – le triomphe de la Mère et du Fils ne tardera plus à s’accomplir, et son règne d’amour, de justice et de paix s’établira pour le bonheur de tous. Ce sera l’avènement glorieux du Seigneur que nous appelons de nos vœux à chaque Eucharistie. Ne laissons pas le Seigneur s’interroger s’il trouvera la foi sur la terre à son retour. Décidons-nous dès à présent pour lui, usons de sa grâce, soutenons-le par notre fidélité à le prier jour et nuit, avec Marie ; nourrissons-nous de sa Parole et de son Pain de vie, et le feu de Dieu brûlera notre cœur, et son Amour se répandra, ni par la force, ni par la contrainte, mais par contagion. C’est le désir de Dieu. Faisons ce qui est à notre portée, le Seigneur fera le reste, c’est-à-dire l’essentiel : changer notre cœur et au final changer la face de la terre. Amen