
Homélie du Père Emmanuel-Marie :
« Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » De quoi s’agit-il ? du feu de son Amour bien sûr, de son Esprit d’Amour. Cet Esprit qui nous fait devenir enfants de Dieu, et qui a la puissance de nous restaurer dans nos capacités divines perdues. Non seulement le Seigneur nous délivre de l’influence de Satan, pour notre libération personnelle, mais il nous fait entrer sous le manteau maternel de la Vierge Marie, pour que nous soyons des rédempteurs avec Lui, des Sauveurs avec Lui, afin que son feu d’Amour embrase le monde et qu’advienne la civilisation de l’Amour. En avons-nous suffisamment conscience ? C’est pour cela que nous sommes rassemblés en cette Eucharistie. Pour que ce feu d’Amour embrase notre cœur, qu’il atteigne nos familles, nos communautés, nos nations et finalement le monde entier.
Mais le paradoxe, c’est qu’il annonce en même temps la division dans les familles. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce feu oblige chacun à se déterminer, pour ou contre le Christ qui est le Prince de la Paix. Il est le seul à pouvoir libérer ce feu qui nous restaure et restaure le monde dans l’amour, la justice et la paix. Je ne peux pas accueillir ce feu sans accueillir Celui qui me le donne. Et Celui qui me le donne, c’est Jésus, pas un Jésus éthéré, Jésus Crucifié ! Jésus nous dit qu’Il doit recevoir un baptême : son Sang versé pour la multitude des pécheurs. Ce baptême le plonge dans l’angoisse à cause de tous ceux qui ne veulent pas et ne voudront pas ouvrir leur cœur à son Saint Sacrifice. La Sainte messe à laquelle nous participons, parce que nous le voulons bien, est ce Saint Sacrifice rendu présent pour que nous donnions notre fiat, notre adhésion à son feu d’Amour qui va changer la face de la terre.
À la suite des vrais prophètes, comme Jérémie dans la première lecture, Jésus est persécuté par le prince de ce monde et ses acolytes. Ceux qui se prononcent pour Lui, le sont aussi, et deviennent à leur tour signe de contradiction pour les membres de leur famille. Cela ne doit pas nous surprendre, ni nous effrayer. Il est toujours possible d’aimer – à distance (si la cohabitation n’est plus possible) – en désirant le salut de celui ou de celle que l’on aime… Quand on s’ouvre au Saint-Esprit, c’est-à-dire au feu de l’Amour divin, il y a un autre feu en nous qui perd de sa force, le feu de la concupiscence, qui engendre impudicité, violences, guerres, corruptions et famines. Jésus est pressé que son feu s’étende à travers une Pentecôte d’Amour universelle qui fera venir la terre nouvelle et les cieux nouveaux, mais cela ne se fera pas sans souffrances, sans tribulations, nous prévient Jésus. Ces tribulations restent légères pour ceux qui ont choisi le bon camp et qui se laissent transformer en douceur par le Saint-Esprit qui souffle à chaque Eucharistie vécue avec le cœur, mais elles peuvent devenir redoutables à ceux qui méprisent sa Parole, et même infernales à ceux qui, en conscience, refusent le repentir.
Le feu d’Amour de Dieu, son Saint-Esprit, se donne à nous par le baptême et les autres sacrements, pour prendre possession de nos âmes et les transformer, en douceur, spécialement dans l’Eucharistie et dans le sacrement du pardon. Ce feu, nous devons l’entretenir, car les braises se refroidissent vite dans un monde qui s’est bâti sans Dieu. Il faut souffler sur les braises chaque jour en mettant en action notre bonne volonté qui doit se décider pour la prière quotidienne, qui doit se décider à lutter contre le péché en mettant en application sa loi d’amour. Voilà l’épreuve qui nous est proposée « Courons avec endurance l’épreuve, nous dit l’épître aux hébreux, les yeux fixés sur Jésus » tout est là. Il s’agit des yeux du cœur : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ». Que la Vierge Marie nous aide à garder allumé, le feu de l’Amour de Dieu, en demeurant fidèle à la prière, fidèle à sa Parole, fidèle à son Église, et qu’ainsi, nous puissions hâter l’heure de sa Manifestation qui fera triompher son règne d’amour, de justice et de paix.