Homélie du Père Emmanuel-Marie :

« Dieu a tant aimé le monde, nous dit l’Évangile, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui, ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle ». Il n’est pas venu juger le monde, mais le sauver. Ces deux phrases de l’apôtre Saint-Jean, résument le cœur de la Révélation. Tous les hommes ont connu la brûlure du serpent, c’est-à-dire le péché, exceptés Jésus et Marie. Jésus parce qu’il est Dieu; Marie parce qu’elle a été rachetée dès sa Conception. La grâce qui nous guérit de cette brûlure, a sa source dans le Cœur de Jésus et elle nous est communiquée par les mains de Marie, Dispensatrice de toute grâce.

Dieu nous sauve en nous guérissant de notre orgueil ; cet orgueil qui nous conduit à récriminer contre Dieu, et contre ses serviteurs, cet orgueil qui nous leur fait tourner le dos, comme on le voit chez les hébreux au désert. À cause de cela, ils subissent la morsure des serpents. Comment vont-ils être guéris ? En regardant un serpent brûlant dressé sur un mât. Figure de Jésus-Crucifié ! Vous allez me dire : « en quoi Jésus est-il identifiable à un serpent. St-Paul dit aux Galates qu’Il est devenu « objet de malédiction » (Ga 2) parce qu’il s’est chargé de tout le mal du monde. Il s’est abaissé jusque-là nous dit l’hymne aux Philippiens. Son abaissement est la clé de Sa victoire sur toutes les puissances du mal. Et c’est la clé de notre victoire : l’humilité et la charité qui consiste à donner sa vie pour les autres, sont la clé qui nous ouvre le Ciel. Aujourd’hui la croix fait peur, aussi Dieu vient rejoindre ses enfants par l’intermédiaire de Ste Faustine pour leur demander de regarder, non plus le crucifix, mais la douce image de Jésus miséricordieux, promettant le salut à ceux qui l’honoreront ; et pour nous réconcilier avec la croix, il nous promet qu’elle paraîtra bientôt dans le ciel, comme le Signe du Fils de l’homme qui veut attirer à Lui ses enfants les plus rebelles.

La Sainte Eucharistie que nous célébrons est le mémorial de ce mystère de la croix glorieuse ; un mémorial, ce n’est pas seulement un souvenir, c’est l’actualisation de l’évènement, à savoir, la mort et la résurrection de notre Seigneur. Lorsque nous y participons avec foi, et ferveur, nous exprimons à Dieu notre reconnaissance pour sa croix qui a vaincu la mort et qui promet la gloire à ceux qui suivent le Christ crucifié.

Nous avons une croix à porter, une croix salutaire qui nous purifie, qui nous sanctifie, celle de notre obéissance à la volonté de Dieu, celle de notre fidélité à ses commandements, qui nous fait ramer à contre-courant du monde. Cette croix est glorieuse ; elle nous ouvre le ciel. Que d’âmes sauvées parce qu’un petit reste a accepté de porter sa croix, avec la confiance du petit enfant blotti dans les bras du Père. St-Jean, « l’apôtre que Jésus aimait » nous montre le chemin. Ayons toujours Marie à nos côtés, pour que nos croix, loin de nous éloigner de Dieu, soient autant d’occasions de nous rapprocher de Lui et de l’aimer davantage. Amen