
Homélie du Père Emmanuel-Marie :
Ce récit de la pêche miraculeuse qui est la troisième apparition du Seigneur aux apôtres se déroule en trois scènes riches de symboles : 1ʳᵉ scène : une partie de pêche d’abord infructueuse, puis en présence du Seigneur, miraculeuse ; 2ᵉ scène : un petit déjeuner qui a une connotation eucharistique, et 3ᵉ scène : un dialogue intime entre Jésus et Pierre.
D’abord, la pêche. Ils pêchent de nuit. C’est le bon sens qui le veut, mais cette pêche nocturne est infructueuse, comme le sont toutes nos tentatives d’agir par nous-mêmes, au lieu d’agir avec Lui, c’est-à-dire avec la puissance du Saint-Esprit. « En dehors de Moi, vous ne pouvez rien faire » dit Jésus. Toute action, même profane, le chrétien est appelé à la vivre avec le Seigneur. Celui qui donne fécondité à toutes nos actions, c’est le Saint-Esprit.
Pierre, celui qui a renié trois fois le Seigneur, est tout nu, pendant cette nuit de pêche, sa nudité fait écho à son vieil homme ; il suffit que Jésus se présente à lui, Jésus, Lumière du monde, et il met aussitôt un vêtement comme Adam après son péché. En présence du Ressuscité, à la fois, on se sent honteux devant sa nudité, devant son péché, à la fois l’espérance en la vie nouvelle renaît.
Jean, l’apôtre au cœur pur, est le premier à reconnaître Jésus, mais Pierre, le premier, se jette à l’eau pour le rejoindre. Jésus lui a donné le charisme d’être le premier de cordé qui entraîne toute l’Église sur le chemin de l’obéissance à la Parole de Dieu. La pêche miraculeuse symbolise toutes les âmes gagnées à Dieu par l’apostolat de l’amour qui se nourrit d’obéissance, de prière et de sacrifice. 153 poissons, c.-à-d. Tous les peuples de l’univers (on pense que 153 était le nombre des nations connues au temps du Christ) Ce nombre peut désigner aussi les âmes gagnées par la prière, car il rappelle les 153 Ave du Rosaire : « Pour gagner beaucoup d’âmes à Dieu, disait Padre Pio, voici mon arme ! » et il brandissait son Rosaire ! Le pape François à l’école de saint Jean-Paul II disait son rosaire tous les jours…
2ᵉ scène : le petit déjeuner que Jésus a préparé pour ses amis, en y ajoutant des poissons qu’ils ont tirés de leur filet. On peut y voir symboliquement l’Eucharistie qui unit sur l’autel le don de Dieu et le fruit du travail de l’homme. Sur la braise, il y a du pain et des poissons, les deux symboles du Christ dans l’Église primitive : 2 symboles du Christ qui se fait nourriture.
3ᵉ scène : A la fin du repas, Jésus demande à Pierre par trois fois s’il l’aime, comme pour effacer le triple reniement. Et Jésus lui donne mission d’être pasteur du troupeau ; pasteur universel. Alors que Jésus lui-même s’était réservé ce titre « Je suis le Bon Pasteur », voilà qu’il délègue à Pierre et à ses successeurs ce charisme de pasteur universel pour toute la durée de l’Église : « Sois le pasteur de mes brebis » c.-à-d. « comme moi, tu donneras ta vie pour mes brebis ». Il en fut ainsi de tous les papes que j’ai connus, Paul VI, Jean-Paul 1er, Jean-Paul II, Benoît XVI, et François. Ils ont tous donné leur vie pour les brebis du Seigneur, chacun à leur manière, avec ce qu’ils étaient. Aucun n’a été parfait, ils ont pu se tromper, être maladroits parfois, mais ils se sont tous efforcés d’être unis à Jésus dans son humilité et dans sa charité. L’Église aujourd’hui est divisée, ce qui rend sa pêche laborieuse, mais quand elle retrouvera son unité, par un pur acte de la Divine Miséricorde, nous pourrons nous attendre à une nouvelle pêche miraculeuse. Que cela soit notre espérance et notre prière de chaque jour, l’Esprit Saint fera le reste.