Homélie du Père Emmanuel-Marie :

« C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ». Le Seigneur s’est bien gardé de nous révéler le jour de sa venue pour que nous restions chaque jour en état de veille. Même « le maître de maison » ne connaît pas le Jour ; le maître de maison, c’est-à-dire Satan, prince de ce monde perverti et corrompu ; Jésus viendra comme un voleur le surprendre pour lui « ravir » les biens de sa maison. Et le secret de sa réussite, c’est qu’ « avant de venir comme Juste Juge, Il vient comme Roi de miséricorde ». C’est ce qu’Il a rappelé à Ste-Faustine. Cela veut dire que même lors de la mort, il est donné à tous, même à ceux que le démon croit tenir sous son emprise, la possibilité de demander pardon, de dire « oui » au Christ, et cela, même après la mort clinique. Combien d’âmes sont ainsi arrachées aux griffes de l’ennemi, parce qu’ils diront in extremis avant leur jugement personnel : « Mon Seigneur et mon Dieu, pardon… j’étais aveuglé… » Et d’eux-mêmes, ils se précipitent au purgatoire pour se faire faire un bel habit de Noces, c’est-à-dire pour réapprendre cet amour qu’ils ont tant négligé durant leur vie. La venue du Fils de l’homme advient à la mort imprévisible de chacun ; la mort fait peur… comment chasser la peur ? En vivant dès à présent avec le Ressuscité, avec la Vierge immaculée, avec ceux qui ont revêtu l’immortalité : tous les saints du ciel.

Mais cette Venue glorieuse de Jésus adviendra aussi pour tous les vivants en même temps, au Jour fixé par le Père, pour mettre fin au chaos de ce monde, provoqué par le péché des hommes : « il en sera comme aux jours de Noé ou comme aux jours de Loth »… c’est-à-dire : l’impiété sera généralisée, la corruption battra son plein, attirant sur les hommes toutes sortes de maux et de désordres cosmiques. La Parole de Dieu nous avertit sur les temps que nous sommes en train de vivre. Sa Venue sera imprévisible, pour ceux qui ne l’attendent pas, parce que toute la place de leur cœur est occupée par les biens de ce monde. Mais ceux qui savent que sa Venue dans la gloire est l’espérance la plus palpitante qui puisse exister, ils appellent cette Venue de tout leur cœur, à chaque Eucharistie, en faisant corps avec les paroles du prêtre qui sont les paroles du Christ à son Père. Que dit Jésus à son Père en notre nom à la messe ? Il dit :« délivre-nous de tout mal et donne la Paix à notre temps, soutenus par ta miséricorde, nous serons libérés de tout péché, à l’abri de toute épreuve, nous qui attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus-Christ Notre Sauveur ». Ceux qui vivent de cette espérance ne manquent d’aucun don de la grâce, dit st Paul. Ils sont en sécurité (comme Noé dans l’arche ou comme Loth guidé par l’Ange de Dieu hors de Sodome).

Si nous sommes amis du Christ, l’Avènement glorieux du Seigneur ne doit pas nous faire peur, bien au contraire, car il réalisera le triomphe de sa Royauté sur le monde, mettant Satan hors d’état de nuire, au point que les prophéties se réaliseront : « on ne lèvera plus l’épée, nation contre nation ; on n’apprendra plus la guerre… » (Is 2, 4) Le prophète Isaïe ne parle pas de l’au-delà, il annonce un changement universel tellement considérable qu’il en parle comme d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle qui viendront d’en haut, c’est-à-dire par la puissance du Saint-Esprit qui fait toutes choses nouvelles. Lui seul peut faire taire la violence, la corruption et les désordres cosmiques qui en sont la conséquence. Rien à voir avec notre fausse paix actuelle, bâtie sur l’intimidation du nucléaire. « La véritable paix, dit le pape Léon, ne peut être qu’une paix désarmée ». Ce qu’annonce Isaïe, et ce n’est pas un langage symbolique, c’est que les armes seront reconverties en instruments à cultiver la terre… « Plus d’enfants qui mourront en bas âge »« on ne plantera pas pour qu’un autre mange » « on jouira du travail de ses mains »  (Is 65, 20-22) car il ne se fera plus d’injustice, ni dans l’Église, ni dans le monde de demain. Dieu est le Maître de l’histoire. Croyez-vous que la prière qu’il nous a enseigné puisse ne jamais se réaliser ? Elle se réalisera, parce que le Seigneur ne peut pas nous tromper ; elle se réalisera à cause de tous les martyrs de l’histoire de l’Église. Il faut qu’il règne, et que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel ! Alors : sortons « de notre sommeil » et « veillons dans l’espérance de sa Venue ». C’est sûr, les douleurs de l’enfantement s’intensifient, mais ce qui se prépare est si grand ! Nous pouvons hâter cette heure, « en nous conduisant honnêtement comme on le fait en plein jour », en rejetant ce qui est des ténèbres, pour revêtir les armes de la lumière » que sont la prière, les sacrements, et la charité en actes. Amen